De toute façon je m'en fous. Je ne chialerai pas. Ca ne me touche pas, tout ça. Ca ne me chamboule pas. J'ai besoin de rien. D'absolument rien. Juste, taisez-vous s'il vous plaît. Oubliez-moi, juste un peu. Les yeux fermés, oreilles bouchées. Voilà. Je suis invisible, regardez. Rire. Non, ne regardez pas. Touchez du doigt mon indifférence, ça vous fait froid. Je sais. Je vois les frissons, les plis aux comissures des lèvres. L'acide contenu de vos mépris insolents. Mais allez, chut. Vous ne m'atteignez pas, ne m'en voulez pas. Je n'y peux rien. C'est vous qui êtes inconsistants, finalement. De ne pouvoir traverser le vide. (Et vire et vole et tournevolte, pointe des pieds tendue, les ongles vernis, noirs. Sourire aux nuages).

Tout ce que je veux, moi, c'est qu'on me donne l'impression de ne plus être seule. Alors vas-y. Prends-moi, use-moi, aime-moi, déchire-moi, brise-moi mille fois s'il le faut. S'il faut ça pour que tu restes. Je n'ai plus de dignité, tu sais. Je n'ai plus d'humanité. Je suis prête à tout donner, à tout abandonner, à ramper à tes pieds et à panser les plaies de tes baisers. S'il faut ça pour que tu restes. Il n'y a plus d'étoiles dans mon ciel, tu sais. Je volerai les tiennes. Juste, ne me laisse pas. Ne me laisse pas crever comme ça, seule et folle à lier. Ne me laisse pas tomber. Je croirai à tes mensonges, je pardonnerai tes horreurs. S'il faut ça pour que tu restes. Je n'ai plus que toi. Si tu ne me laisses pas, ça suffira. Je te jure que ça suffira. (Ne t'en va pas.)